Sur les traces des Sérères


Le Sérère, peuple d’Afrique noire, est parti des bords du Nil en Egypte, vers l’ancien empire du Ghana. Les Sérères sont arrivés au Sénégal, au 11ème siècle après la chute de l’empire et se sont installés sur les côtes sénégambiennes. Cette installation s’est effectuée par vagues. Les Sérères sont aujourd’hui présents dans beaucoup de localités, notamment sur les côtes sénégambiennes, sur la petite côte, et dans le centre-ouest (Cayor, Baol, Sine et Saloum, etc.)

 

Pour retracer l’histoire du peuplement sérère, le chercheur en histoire Mamadou Faye se réfère aux thèses développées par Cheikh Anta Diop et Henry Gravrand. D’après l’anthropologue sénégalais Cheikh Anta Diop, Sérère désigne en Égyptien «celui qui trace le temple». C’est pourquoi Mamadou Faye estime que les Sérères ont quitté l’Égypte avant de longer le Nil jusqu’à atteindre la vallée du fleuve Sénégal où ils ont cohabité pendant très longtemps avec les Toucouleurs.

Les Paysans Sérères. Essai sur la formation d'un terroir du Sénégal - [article] Paul Pélissier

 

D’après Cheikh Anta Diop, « Sérère » désigne, en Egyptien, celui qui trace le temple. 

Mais par où sont passés ces sérères pour partir de l'Egypte et arriver jusqu'aux bastions qu'ils occupent actuellement ?

Les spécialistes ne sont pas tout à fait d'accord sur certains points. Pour Cheikh Anta Diop, la migration s'est faite d'est en ouest, prouvée par les sites mégalithiques encore présents (Séne gayène dans le Saloum, proche de Kaolack). Ces vestiges auraient une origine Sérère de part le symbolisme des figurations inscrites et de la disposition des pierres.

 

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Les Paysans Sérères. Essai sur la formation d'un terroir du Sénégal [article]Paul Pélissier


Société

Un Sénégalais sur 6 est Sérère, les Sérères constituent l’une des plus anciennes population de la Sénégambie, ainsi avant l’arrivée des colons, les Sérères ont dirigé 3 royaumes : le royaume du Sine, le royaume du Saloum et le royaume du Baol.

Les Sérères figurent parmi les ancêtres d’autres ethnies : les Wolofs, les Lébous et les Toucouleurs

La société Sérère est une société de caste. On y retrouve la famille royale, les cavaliers, les hommes libres (diambours), les badolos, les law (bouffons), etc.

Ils ont de nombreuses célébrations : le ndut (initiation), le mboye (funérailles), les mariages, le khoy (cérémonie spirituelle annuelle), le Ndiom (lutte), etc.

Les Sérères occupent toutes les régions du Sénégal comme l’attestent les noms de localités comme Diamniadio et Diokoul, dans la presqu’île du Cap vert, ou leur implantation dans la région du fleuve et au Fouta-Toro, en tant que Toucouleurs, surtout dans la catégorie sociale des pêcheurs, les Subalbes, Cuballo au sing. Ce sont des cultivateurs sédentaires qui accessoirement, font de l’élevage.


Les Sérères du Cayor, présents dans la province cayorienne du Diander, et ceux du Baol, sont les Safen, les Ndut, les Léhar ou lalah, et les Nones. Ceux du Sine-Saloum sont les Sérères Sine. Les Sérères Niominka qui pratiquent la pêche dans le delta du Saloum.

La société sérère était stratifiée en castes, proche du modèle wolof, mais beaucoup moins strict. Dans la société traditionnelle, il y avait au sommet de la hiérarchie les Guelwar, ils étaient Tiédos. Parmi ces fils de roi, le plus âgé des hommes qui est de la descendance matrilinéaire Mansa Waly Dione fondateur du Royaume du Sine, devient Maad (Roi). Les membres de cette descendance matrilinéaire sont appelés Guelwar, thiédo ou pino maad ce qui signifie « fils de rois ».

Après les cavaliers, viennent les hommes libres qu’on appelle diambours, puis les badolos, que l’on définit comme ceux qui ne possèdent personne et que personne ne possède. Il y a des castes typiquement sérères comme les law qui sont des bouffons, les “sagnite” qui sont des bouffons grossiers et les naar no maa ou maures du roi, utilisés pour le renseignement.

Les griots sont la mémoire de la société et sont aussi les tisserands. Pour les forgerons, même s’il y  a parmi eux des Sérères, ils sont en majorité des wolofs, beaucoup d’entre eux étant parfois d’ascendance toucouleur, ce sont les nyenyo. D’ailleurs chez les Sérères, il arrive qu’on utilise le mot forgeron pour désigner un wolof. Les woudés qui travaillent le cuir et les potiers sont de la caste des nyenyo. Les laobés, artisans du bois, eux sont des Peuls.

Au bas de l’échelle sont ceux qu’on possède, les captifs, on les appelle fad. Originellement, le lamane était le plus haut dans la hiérarchie, il était maître de la terre et était assisté par les chefs de village.Il n’y avait pas de caste d’artisans, car chaque famille produisait ses propres produits artisanaux, on pouvait considérer que la société sérère était égalitaire.

 

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Histoire générale des sérères - par l'ESMA- Paris 1 - Etudiant.e.s de Panthéon-Sorbonne pour les Mondes Africains


Les cousins à plaisanterie : quand un Sérère rencontre un Diola...

Le cousinage à plaisanterie, qui a cimenté des liens entre différentes ethnies dans notre pays et un peu partout en Afrique, continue de jouer un rôle fédérateur.

Le cousinage à plaisanterie, un concept bien populaire dans notre pays, renvoie à ces plaisanteries entre « roi » et « captif » au sein de membres d'ethnies différentes. Chacun aime se prévaloir d'être le roi, taxant l'autre d'être son esclave.

Cette pratique bien courante entre Peuls et Sérères ou entre Sérères et Diolas a des racines bien ancrées dans la société sénégalaise. Quand un Sérère croise un parent peul, il l'appelle, avec un sourire amusant, « matioudo » (esclave), s'attendant à une riposte, et vice-versa.

 

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https://fr.allafrica.com/stories/202009050424.html